Murato Supranu, vieux quartier
En grimpant par « A Cucinaghja » nous apercevons un vieux four plus ou moins délabré. Domi Graziani en aurait dénombré une soixantaine à Murato.
Un peu plus haut au niveau de la maison Ristorcelli campe une croix dite croix de Mission. Originellement elle était en bois mais à présent elle est en métal ferreux.
Cette croix concrétisait la fin d’une semaine de piété où les religieux s’employaient à raviver la foi des fidèles. A cette occasion chacun y allait de son offrande. Les marteaux, clous, tenailles, lances, couronnes… rappelaient les outils ayant servi à la crucifixion.
Parvenus à hauteur du four actuel qui est encore en service notamment au moment des châtaignes
nous découvrons la « Piazza Cullettula suprana » émaillée d’escaliers rustiques et pittoresques, noire de monde en été mais discrète hors saison. En hiver, on préfère se réfugier dans le four, « a l’agrottu », « a l’appossu », sinon « a l’appollu » pour refaire le monde.
C’est en cette place qu’est née la légende de la création du village : On lâcha des taureaux qui vinrent s’installer autour d’une grande source.
On délimita ensuite un emplacement en construisant des murs puis on bâtit des maisons intra-muros dont A Torra, qui était probablement une vraie tour, fut la plus ancienne.
On donna logiquement le nom de Muratu à ce nouveau village.
Plus bas, le lavoir
et la « Piazza à a penna » où on rédigeait les actes notariés jusqu’à une date indéterminée, vraisemblablement devant l’ancienne mairie.
Le notaire officiait tous les dimanches après la messe qui était célébrée en l’église voisine, à savoir Saint Jean l’Evangéliste.
La plaque signalant la « piazza à a penna » qui a été scellée sur le lavoir il y a seulement 4 ans a disparu quelques mois après sa pose.
En revanche la plaque de la « Piazza di u furnichju » est toujours fixée.
Le pâté de maison jouxtant cette place est un véritable labyrinthe. On y découvre « E strette » décorées de portes colorées et de loghje obscures.
La descente vers le cours de la liberté et le Suttanu est plutôt raide. Elle est bordée de vieux murs et de vieilles maisons flanquées de vieilles portes. C’est au niveau des « Scalinate » que la pente est la plus prononcée.
Si on préfère se diriger vers Saint Jean
Par l’ancien chjassu qui a conservé son nom
en longeant grataghju et maisons
on aperçoit rapidement l’église Saint Jean l’Evangéliste.
Saint Jean qui se flatte d’un clocher triangulaire (rare) construit seulement en 1880 et d’une horloge dominatrice.
De là-haut, le Supranu apparaît, à ses pieds.
Saint Jean l’Evangéliste se prévaut aussi de ses tableaux.
Ici Saint Roch montre sa jambe gauche infestée du bubon de la peste.
Ce tableau fin du XVIIIe a été retrouvé lacéré sans son cadre lors de la réfection en 1984. Il provient probablement de la chapelle St Roch après 1800, date à laquelle St Jean perd son statut d’église paroissiale au profit de l’église conventuelle (l’Annunziata). Jusqu’alors c’était à la Confrérie des femmes du Rosaire que cet autel était réservé.
En août 1914 à la déclaration de guerre, les femmes et les enfants montaient prier St Roch (raconté par Antoine Coppi, père de Michel).
André Magnan, sous l’égide de L’association pour la Rénovation de l’Eglise St Jean, a reconstitué le tableau et a fait fabriquer un nouveau cadre par François Coppi. Plus tard Marthe Antonini a exécuté quelques légers repeints sur les vêtements.
Situé chapelle de gauche (nord) à l’intérieur de l’église, s’affiche le tableau de St Joseph à l’enfant Jésus offert par Joseph Murati et Madame née Anna Palavicini.
La sur d’Anna Palavicini était l’aïeule de Gaston Mourgues tandis que Joseph Murati était le fils d’Achille Murati, conseiller à la Cour de Bastia. Joseph Murati fit peindre le tableau en 1880 par le peintre Salvatore Magnaschi, professeur de dessin au lycée de Bastia et qui avait profité du legs Sisco de 1875 à 1880, pour étudier la peinture à Rome.
De l’autre côté du sentier le presbytère qui depuis a bien souffert. Heureusement François Marchetti a fait refaire le toit (en lauzes) il y a quelques années.
Cependant l’intérieur ouvert aux quatre vents est en piteux état.
La tombe Ristorcelli lui fait face.
Elle fait office de socle à la superbe sculpture d’un officier en tenue de 1870 qui trône crânement sur son toit.
Sur la place de l’église une fontaine moderne a été érigée.
Plus bas se dresse une tombe en pierres apparentes tandis que Saint Jean point sous un angle original.
Plus loin, en s’écartant du village, on se rapproche de Saint Roch. Cette chapelle était en ruine
Une association animée par André Magnan a entrepris de tenter de la sauver. Gaston Boraggini a offert le portillon.
Sera-t-elle un jour restaurée ? Qui peut savoir ?
La fontaine Saint Roch tout proche est une résurgence de Sainte Lucie. Son eau, qui a la réputation de soigner les yeux, nous permettra peut-être d’y voir plus clair.
Toutes les photos sont d’André Magnan qui m’a fourni en prime toutes les infos.